mercredi 14 novembre 2012

[Evènement] - Entretien avec Maxime Chattam





Aujourd'hui, Au Dernier Bar avant la fin du Monde (19 avenue Victoria à Paris, M.Châtelet), Le Livre de Poche a organisé une rencontre exceptionnelle avec...Maxime Chattam ! En effet, Le Livre de Poche ré-édite le premier tome de la série Autre-Monde, L'Alliance des Trois. Une bonne occasion de réunir les fans !





Auteur prolifique, l'auteur français s'est prêté au jeu de la discussion pendant une bonne demi-heure avec le sourire et une bonne humeur communicative. N'hésitant pas à parler de tout, et même de ses travaux futurs ou en cours, l'auteur parle de sa passion et captive son auditoire. Pas de vidéo (pour un soucis de batterie) mais un souvenir impérissable pour votre servante ^^

Ce qui pourrait ressortir de cet entretient ? :
"Je suis un vrai geek" (le lieu était donc idéalement choisi !)
l'auteur est un grand fan de cinéma (une dizaine de films par mois au bas mot...quand même)
passionné par son métier, l'auteur est certes prolifiques mais également très exigeant envers lui-même.

Notre discussion a rebondit sur plusieurs sujet, au gré de la discussion, donc ne vous étonnez pas si vous avez l'impression que je passe du coq à l'âne, j'étais occupée à écouter et mes notes sont un peu illisibles ;)


Les habitués de l'auteur ont pu être surpris du choix de l'auteur de choisir des enfants/des adolescents comme héros de sa nouvelle saga après avoir travaillé avec des personnages beaucoup plus mûrs psychologiquement, des adultes avec déjà une vie et des choix plus ou moins marquant. L'auteur me répond que s'il ne renonce pas à travailler avec ce genre de personnage, il avait envie de travailler dans un monde un peu plus imaginaire (donc plus adapté avec des personnages plus jeunes) et travailler au passage la question de la transition entre l'enfance et l'âge adulte. Il travaille dans la série Autre-Monde cette perte de l'innocence qui accompagne ce passage d'un état à l'autre et s'interroge sur la part de cynisme qui y est lié ("faut-il devenir cynique en passant à l'âge adulte ? Est-ce une obligation ?", c'est évidemment pourquoi nous avons des références à des cyniks dans la séries...nom du cocktail créé pour l'occasion au Bar si le cœur vous en dit !).
L'univers qu'il a créé lui permet ainsi de suivre ces personnages dans cette transition et est à l'image même de cette transition, c'est un "Autre-Monde". Il confronte l'innocence de l'enfance avec ce qu'il peut y avoir de pire chez l'homme, il confronte des enfants à ce qui peut faire les bases de la vie.

En effet, sauf quelques romans, Maxime Chattam préfère faire démarrer ces intrigues aux États-Unis, puis à faire une incursion en Europe, en France. Ce choix s'explique selon lui en raison de la façon de penser des gens. En effet, les États-Unis ont une portée beaucoup plus universelle du point de vue culturel. De part les séries TV, les films ou même les romans, les États-Unis sont souvent en tête. Cela permet donc de toucher un plus grand nombre de gens. Le fait de se placer en France est déjà une façon de limiter les choses en permettant au lecteur, francophone, de s'identifier plus simplement. Mais même en démarrant son intrigue en France (Les Arcanes du Chaos), l'auteur se permet d'élargir peu à peu le champs de l'intrigue et finit par envoyer l'héroïne aux Etats-Unis.

Cette façon d'ailleurs de passer d'un "monde" à "l'autre", que ce soit le passage de l'enfance à l'âge adulte, des Etats-Unis à la France pour un retour aux racines, aux bases et au passé, c'est également une façon de montrer, surtout par ce passage de la France aux USA, la portée que peut avoir une action individuelle sur un schéma plus vaste, plus universel. Ce thème de l'action individuel est présent dans la majorité des ouvrages de Maxime Chattam, mais l'auteur m'en a plus particulièrement parlé via Les Arcanes du Chaos. C'est un thème cher à l'auteur qui finit toujours d'une manière ou d'une autre par l'aborder que le roman soit plus un thriller ou plus un roman imaginaire. Il est adepte de la théorie du chaos et s'intéresse particulièrement à la porté des individus, à ce qui rend le monde et les individus si complexes, la multiplicité des façons dont une personne peut rayonner sur son environnement, que celui-ci soit immédiat ou plus vaste.
 
Maxime Chattam est un "touche à tout" et a tout autant travaillé sur le "Mal" (trilogie du Mal) que sur les promesses et la nature de l'homme, même s'il commence un peu à s'en écarter.

L'auteur a même travaillé sur le passé, s'offrant le plaisir de travailler sur un diptyque ayant pour thème le Temps, reprenant le style du thriller à travers les yeux d'un écrivain L'auteur nous tisse une intrigue, nous déroule une époque et des personnages, mais surtout s'offre une synthèse de ce qu'il a pu travaillé dans ses travaux précédents (le mal, l'affrontement du passé et du présent, l'influence du passé dans le présent, quelle est la part du passé qui est dans le présent, mais aussi de personnages qui sont tout à la fois acteurs que témoins de l'intrigue).
Néanmoins ce diptyque lui permet également de travailler un nouveau thème, tout aussi complexe et riche que les précédents : la vérité. Les questions qui se posent à la lecture de ces romans sont alors : mais qu'est-ce que la vérité ? comment la détermine-t-on ? est-elle unique ? dépend-elle de chacun ? etc.
Maxime Chattam construit ses deux romans comme des miroirs l'un de l'autre et s'amuse à borner tant les personnages que les lecteurs. Où se situe finalement la vérité ? A quel moment est-on victime de l'auteur ?
A ce sujet, l'auteur n'a qu'une seul regret : de ne pas avoir sortit les deux romans en même temps afin que l'effet soit plus percutant pour les lecteurs et que les détails de la première intrigue ne soit pas perdu dans les méandres de la mémoire.

Tant que nous étions sur le thème du passé, l'auteur en a profité pour me parler de ses travaux futurs (bon vraiment futur puisque là il travaille sur un gros travail qui ne se terminera surement pas avant mai 2013 et puis bon...rien n'est pressé). Il a l'ambitieux projet de construire quatre romans qui vont tous illustrer quatre faits du XXème siècle que l'auteur souhaite mettre en avant. Son souhait est de faire une "chronique" du vingtième siècle à travers les yeux d'un héros et à travers un évènement Néanmoins ces romans sont indépendant de son diptyque, le seul lien qui serait pour l'instant choisit serait que l'un des héros serait un descendant du héros de Leviatemps. (il y aurait peut-être même un clin d'oeil à la fin à l'un des évènements marquants de l'histoire évoqué dans les Arcanes du Chaos, lui permettant de compléter la boucle qu'il avait initié).



Ensuite nous avons parlé de son travail d'auteur. Maxime Chattam est une personne qui travaille énormément mais qui est aussi très exigent envers son propre travail. En effet, l'auteur préfère "jeter" un travail en cours plutôt que de mettre "rustine" sur "rustine". En effet, si lui-même ne juge pas le roman "comme le meilleur roman que j'ai jamais écrit de tout les temps" il n'est pas satisfait. L'auteur ne souhaite présenter à son éditeur, et donc à ses lecteurs, uniquement des romans qu'il estime "géniaux", je cite ça doit être un "kif". Par conséquent, difficile pour lui de choisir son roman préféré parmi ceux qu'il a écrit : il les aime tous !

Sa façon de procéder est très intense : quand il a une idée de roman, il ne l'a pas à moitié. Il a toujours une idée très précise au départ et la fin doit y correspondre. En général, quand il écrit un roman, il est déjà en train de construire la trame du suivant ! Il fait des recherches pour le suivant pendant les pauses de celui qu'il écrit ! C'est un rythme très intense, mais il aime ce qu'il fait ! Cela explique pourquoi Maxime Chattam est un auteur si prolifique (jusqu'à deux romans par an). C'est un auteur qui a des idées plein la tête (des casiers de poste à foison dont certains sont plein à craquer) et des tas de cahiers de notes ! Mais qu'on se rassure, maintenant qu'il a une famille (il s'est marié cette année), il ne travaille plus que 5 jours sur 7...ouf !

S'il a une formation plus tendance littéraire, Maxime Chattam est très attiré par les sciences. Cela se sent dans son soucis du détails, il n'hésite pas à se déplacer pour étudier des lieux, rencontrer des spécialistes (il aurait même fait des études d'histoire-géo afin d'avoir des notions pour faire un roman d'héroïc-fantasy crédible !). En effet, pour cet auteur, un roman ne doit pas seulement être un délire de son auteur, mais également avoir un cadre. Pour Maxime Chattam un bon roman est un mélange réussi, alchimique, de littérature, d'arts et de cadres scientifique !

Maxime Chattam aime faire la promotion de ces livres, mais son rythme ne lui permet pas forcément de le faire. Il aime échanger en direct avec les gens, selon lui c'est le meilleur moyen pour avoir les retours des libraires. De parler ainsi à tous ses fans lui permet également d'avoir une multitude de point de vue. Après, il peut synthétiser ce qui a été dit pour en dégager des tendances (j'adore quand il parle de science...que voulez-vous, je n'ai pas une formation de matheuse pour rien ^^). Évidemment ce n'est pas qu'il utilisera forcément ces remarques pour ces romans, mais dans les moments de doute cela peut lui indiquer une direction plutôt qu'une autre. Sympa !


Pour terminer j'ai demandé à l'auteur quel lecteur il était. Maxime Chattam a été un grand lecteur à une époque, lisant plusieurs romans par semaine, mais ce n'est plus le cas maintenant. Il lit toujours des essais, par plaisir mais également dans le cadre de son travail de recherche pour ses romans, et il aime les biographie, passionné qu'il est par l'histoire. Il avoue néanmoins avoir acheté le dernier J.K.Rowling et le dernier livre sur A. Schwarzenegger. Il ne s'intéresse pas aux prix littéraire mais fonctionne plutôt aux conseils qu'on lui donne.

En revanche, c'est un très grand fan de cinéma. Il a en effet eu la possibilité d'avoir une pièce entièrement dédié au cinéma en dessous de son bureau. Il y va à l'heure du déjeuner et peu y rester jusqu'en milieu d'après-midi. en matière de cinéma, il est également très éclectique : si on lui en dit du bien il ne verra ! Il regardera aussi bien un film américain "décérébré" qu'un film d'auteur. De voir des films lui permet de faire une pause dans son boulot, de 'déconnecter' tout en restant dans le thème 'artistique'.

Nous avons terminé en parlant des adaptations des romans au cinéma. Pour lui ce qui compte, ce n'est pas si le roman est un succès des ventes qui doit être un critère, mais plutôt en fonction du message qu'il véhicule. Il faut que le metteur en scène soit également capable de déterminer le meilleur moyen de mettre ce message en avant, quitte à s'éloigner du texte original. Pour exemple, Maxime Chattam cite Shining qui est un grand roman (de S. King) et un excellent film (de Kubrick) et pourtant on ne retrouve pas dans le film toutes les scènes "cultes" du roman.


Nous nous sommes quitté là-dessus et c'était vraiment un moment très agréable pour moi, je l'espère partagé, et peut-être auront nous l'occasion de recommencer ! (je ne m'en remet pas, il a longtemps vécu près de chez moi ^^)

1 commentaire:

  1. J'ai lu la Trilogie du Mal et Le 5e Règne, il a réussi à me rendre accro :)
    Il a l'air vraiment cool en tout cas!

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