
My rating: 3.5 of 5 stars
Cela faisait un long moment que j'avais entendu parler de ce titre. Il me tentait de loin et une de "nos filles" du Club Lecture est un jour arrivé avec en disant en gros "lisez le !".
Lorsque j'ai vu que cette version audio était disponible j'ai sauté sur l'occasion.
J'admet avoir un peu oublié de quoi il parlerait au moment de le commencer, mais quelque part ce n'était pas plus mal. J'ai alors pu découvrir l'intrigue et l'univers sans aucun a priori ni "attente".
Nous sommes sur un univers où l'autrice propose de nous pencher sur un pays sous domination féminine. Elle a organisé une société de femmes et poussé le trait à l'extrême : les hommes sont des esclaves ou au mieux des eunuques entièrement dévoués à la famille qu'ils servent. Les hommes sont exécuté ou envoyé nourrisson sur une île voisine : là-bas les hommes déjà présent, dans la misère la plus absolue, les élèves.
Une fois par an, un "tournoi" est organisé. Des jeunes hommes sont choisis pour leur jeunesse, leur vaillance et leur beauté pour participer à un tournoi de gladiateurs à l'issu duquel les gemmes de haute naissance les achèteront aux enchères pour en faire des géniteurs afin de perpétuer la lignée...
Même si je suis une femme, il faut admettre que ce genre de société fait froid dans le dos ! En effet, l'auteur insiste bien sur le fait que toute société aussi extrémiste, même partant au départ avec les meilleurs intentions du monde, ne peut que mal tourner. Et ici les dérives sont une société fondamentalement injuste. Pas forcément que envers les hommes d'ailleurs. Les femmes au pouvoir ne sont préoccupées que d'augmenter leurs richesses, leur pouvoir et leur lignée. Les moins aisées, les moins chanceuses, sont laissées pour compte. Du moins on les voit peu dans ce roman mais rien ne semble être fait pour leur proposer de s'élever.
En effet, ici nous suivons la fille de la femme la plus puissante de Sapientia. Mais Adona ne se sent pas en adéquation avec cette société. L'éducation dure de sa mère a plutôt eu tendance à la rendre empathique, en particulier envers les hommes. Prisonnière de ce système elle n'a pas vraiment l'âme d'une révolutionnaire, mais ne souhaite pas pour autant "jouer le jeu". Alors quand elle se retrouve de force obligée de participer à la sélection des géniteurs, elle se sent mal pour ces jeunes hommes qui vont risquer leur vie.
Côté homme, nous allons suivre Elios. Un jeune homme qui fait partie d'une sorte de révolution. Il veut être sélectionné pour le tournoi afin d'avoir une chance de changer les choses. Mais au fond, il a un cœur tendre et même s'il a du se battre pour vivre et survivre, ce tournoi de gladiateurs n'est pas vraiment dans sa nature.
Tous les deux se retrouve alors engagés dans des machinations qui les dépassent. Ils tentent bien d'être acteurs des événements mais se retrouvent le plus souvent des pions. Ballotés au gré des événements, ils tentent de conserver leur empathie tout en suivant leurs désirs.
J'ai vraiment aimé cet "exercice" d'inversion de domination des sexes. L'autrice dit bien que la plupart des citations sont en réalité issu de textes réels et elle a "juste" inversé les genres. C'est glaçants de lire certaines choses qui ont put être écrite (entre autre que le corps de la femme ne lui appartient pas *frissons d'horreur*).
C'est vraiment intéressant à lire, d'autant plus que Cassandre Lambert ne prône pas non plus une domination féminine. Elle montre plutôt que toute société qui à tendance à valorisé un élément, ici un sexe, ne peut être que fondamentalement injuste.
Certains passages peuvent mettre un peu mal à l'aise certains lecteurs, et pas uniquement parce qu'on va avoir des descriptions de batailles sanglantes (combats de gladiateurs je rappelle). Pensez-y avant de commencer votre lecture.
Par moment j'ai trouvé le ton un peu plat. La version audio est vraiment agréable et j'ai trouvé que la narratrice faisait du bon boulot pour différencier les personnages et nous restituer les situations.
Ce sont les narrateurs qui n'ont pas toujours su me toucher. Ils sont jeunes et maladroits et je me suis souvent interrogés sur leurs actions (ou inaction).
Cependant, ça reste un solide 3.5/5 car c'est une histoire originale, qui fait réfléchir et qui est accessible à un grand nombre de lecteurs. Alors oui certains passages peuvent être malaisant et il faut pouvoir en parler et être prévenu. Néanmoins il trouvera sans soucis sa place dans un CDI pour un lectorat un peu mature à partir de la quatrième (je pense qu'avant les lecteurs ne sont pas près pour les réflexions qui sont proposées ou même sensibles à ce genre de questionnements).
Petite mention pour la scène des géniteurs. Car en effet, la finalité du tournoi est la procréation. Et la proposition d'un acte mécanique m'a partagé entre consternation et rire hystérique. C'est crédible dans l'univers et j'ai eu de la peine pour ces personnages, quelque soit leur sexe, prisonnier d'un monde qui clairement les dépasse !
Les personnages secondaires digne d'être mentionnés sont peu nombreux (le frère, l'amie, la garde et le meilleur ami) et sont, à mon goût, un peu trop en retrait. Pourtant ils apportent clairement quelque chose, étoffant l'univers, lui donnant de la consistance et permettant de mettre "en valeur" nos deux protagonistes. Je suis curieuse de les découvrir davantage et je m'interroge sur ce que l'autrice a prévu pour clore son dyptique.
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